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CHARLES GUÉRIN.


V.

LA TERRE PATERNELLE.

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C’ÉTAIT dans le mois de Mai 1832. Il y avait un peu plus d’un an que Charles s’était rencontré pour la première fois avec Clorinde.

Il n’était pas encore dix heures du matin, et plusieurs groupes d’habitans rassemblés devant la principale porte de l’église de R… s’entretenaient entr'eux d’un événement qui devait avoir quelque importance, à en juger par l’animation qui régnait dans leurs discours.

Une demi-douzaine de ces jeunes garçons espiègles et tapageurs qui s’appellent d’ordinaire, par excellenoe, les jeunesses d’un endroit, et que l’on ne pourrait mieux comparer qu’aux gamins de nos villes, étaient juchés sur le mur du cimetière, et les quolibets qu’ils lançaient dominaient le bruit de toutes les conversations.

— Comme ça, Jean Larrivé, disait l’un d’eux, t’es ben sûr qu’ c’est le garçon au bonhomme Toupin qui va faire c’te criée.

— Quand j’te l’dis.

— Ben ! i’va mal passer son temps.

— Tais toé donc ; son père était-i’ pas-z-huissier.

— Pourquoi qu’il l’serait pas lui-z-aussi ?