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CHARLES GUÉRIN.

— Enfin, dit-il, ce vieil avare de Jean Pierre n’a pas fait cette acquisition uniquement pour plaire à M. Wagnaër, et je ne vois pas le moyen qu’il y avait de l’en empêcher.

— Ne vois-tu pas que ton bonhomme Jean Pierre n’est pas autre chose qu’un homme de paille, que lui et l’autre s’entendent et que la terre ne sera pas longtemps sans appartenir au Jersais ?

— Eh bien, si c’est le cas, j’irai trouver M. Wagnaër, je lui dirai tout ce que je pense de lui. Je le menaçerai de dévoiler sa conduite, de le démasquer, de le poursuivre devant tous les tribunaux ; de le dénoncer à toutes les portes d’églises, de l’attaquer dans toutes les gazettes. Je lui parlerai, comme on ne lui a encore jamais parlé.

— Hélas, fit Madame Guérin, c’est une bien triste ressource. Si le bonhomme Jean Pierre est un homme de paille, M. Wagnaër, lui, c’est un homme de fer !