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CHARLES GUÉRIN.

VIII.

UN COMPLOT.



MALGRÉ qu’il eût changé de monture plusieurs fois sur la route, ce ne fut que bien tard dans la nuit que Jean Guilbault toucha au terme du voyage.

Tout le monde était couché chez Madame Guérin ; mais personne ne dormait.

Ne voyant pas de lumière, le jeune homme hésita, s’il frapperait à la porte. La difficulté d’aller se retirer ailleurs, et l’impatience qu’il éprouvait, le décidèrent.

Au premier coup, plusieurs voix crièrent : Qui est là ? Et une autre voix ajouta : Mon Dieu, si c’était lui !

— Jean Guilbault, fut-il répondu du dehors.

— Est-ce possible ? fit Charles, et dans un instant il avait déjà allumé une chandelle et ouvert la porte à son ami.

Madame Guérin et Louise s’étaient retirées promptement dans leur chambre. — Le cœur m’a battu bien fort, dit la pauvre mère, j’ai cru un instant que c’était lui ; mais nous aurions eu trop de bonheur, si la Providence nous l’avait envoyé dans un tel moment…

— Écoute Charles, dit Jean Guilbault en entrant, un mot avant tout. Quel est le jour fixé pour la vente de la terre ?

— C’était aujourd’hui, dit tristement Charles.

— Et puis ?