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CHARLES GUÉRIN.

sante, due plutôt à la paresse qu’à la forfanterie, mais qui lui avait valu plus d’un sermon ; ses cheveux longs et aussi noirs que vous pouvez vous les figurer, jouissaient d’un désordre peu élégant, que partageait avec eux le reste de sa toilette ; son capot, grâce à la disparition totale de la ceinture et des nervures, n’était guère reconnaissable, et demeurait ouvert, faute de boutons et de boutonnières ; en un mot, sans aucune mauvaise volonté de sa part, il n’y avait plus chez ce jeune homme aucune trace de l’écolier.

Mais il faut en finir avec nos portraits et nos descriptions ; l’Angelus répété par tous les clochers de la côte a cessé de sonner, le vent de nord-est, qui monte comme un rideau noir sur le fleuve, souffle déjà plus fort, les teintes rouges du crépuscule s’effacent d’autant plus vite que le soleil s’est couché derrière un nuage, et les trois jeunes gens se dirigent vers la maison, devant laquelle les attend avec quelque impatience madame Guérin, que nous ne retiendrons point sur le seuil de sa porte, aimant mieux vous peindre plus à notre aise, cette femme à l’extérieur sévère et imposant, quoique jeune encore.