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CHARLES GUÉRIN.

une très grande portée dans notre histoire, nous avons pensé qu’on les lirait avec intérêt.

(De la Minerve du 13 Janvier 1832.)

« Qu’avons-nous à craindre en demandant un conseil électif ! Ne serait-ce pas un moyen d’augmenter la force du peuple ; d’ouvrir la carrière parlementaire à une foule d’hommes de talens et pleins de patriotisme qui brigueront l’honneur d’être les organes de leurs concitoyens et auront le soin de se bien conduire, afin d’éviter la disgrâce de perdre leur titre d’honorables ! Je crois que la chambre doit saisir cette occasion de rendre nos institutions plus démocratiques, et nous acheminer par la voie de la sagesse et de la raison vers le but auquel tous les hommes bien pensans doivent tendre le pouvoir souverain du peuple ; nous l’attendons par ce moyen. »

« S’il me convenait de donner des avis, je dirais peut-être que les nominations de conseillers faites et annoncées sont, à peu d’exceptions près, si pitoyables et le pays a été si bien joué et trompé par toutes les belles promesses d’outremer, que la chambre devrait résoudre qu’elle est d’avis, et le pays la soutiendra, que si la mère-patrie se refusait à accorder un conseil législatif électif nous insistions et demandions avec fermeté l’abolition entière d’un corps aussi nuisible que l’a été, l’est et le sera le conseil législatif nommé par la Couronne. »

« Le conseil législatif actuel étant peut-être la plus grande nuisance que nous avions, nous devons prendre les moyens de nous en débarrasser et en demander l'abolition, de manière à l’obtenir.»

Pensez-y bien.

Montréal 7 Janvier 1832.

(Du Vindicator du 18 Janvier 1832.)

« La détermination que montre le Conseil Législatif d’arrêter presque toutes les mesures de la branche populaire de la législature, ne ressort pas seulement par la perte des bills mentionnés plus haut, mais aussi par la perte de plusieurs autres mesures qui lui ont été envoyées de temps en temps et dont le pays pourrait espérer de retirer quelqu’avantage. C'est pourquoi nous sommes bien aise de voir que, sur une motion de M. Bourdages, il va se faire un appel nominal de la chambre et que la chambre a aussi résolu de prendre en considération le même jour, la composition des conseils législatif et exécutif de la Province, et s’il ne serait pas expédient de demander la réforme entière des dits conseils et quel serait le meilleur moyen d’effectuer cet objet. »

« On doit regarder cette question comme celle qui doit occuper plus spécialement l’attention de la chambre ; car nous ne pouvons voir pourquoi ce corps s’assemblerait et délibérerait, comme il le fait, pour voir ensuite toutes les lois qu’il propose rejetées sans cérémonie par le conseil. Lorsqu’on vient à réfléchir à l’usage du pouvoir que le conseil possède et qu’il n’est le plus souvent employé qu’à arrêter le bien public, on ne peut s’empêcher de croire que la province gagnerait beaucoup à son entier anéantissement. Nous espérons que la chambre fera preuve en cette occasion de son énergie accoutumée et qu’elle n’hésitera pas à prendre les mesures propres à repousser cet incube oppresseur. Le peuple en effet pour être juste envers lui-même, devrait venir en avant avec des pétitions qui exprimeraient ses sentimens et son indignation et venir ainsi à l’appui de ses représentans.

« Il sera beau de voir à la fin des affaires de la session que tant de travail de la part des membres se trouvera plus qu’inutile et qu’au lieu d’une réforme salutaire et conséquente des abus et la passation de lois utiles, on ne verra rien, si ce n’est peut-être quelques parchemins qui autoriseront la construction d’un pont ou qui changeront la direction d’un chemin ou deux. C’est une plate absurdité que de croire que huit ou dix hommes doués à peine de talens ordinaires, et qui ne sont pas plus intéressés que les autres, puissent agir avec tout le caprice que montre ce corps.»


D. — Page 270.


C’est à dater des deux grands incendies de 1846 que Québec a pris un nouvel essor.

Il est remarquable que les malheurs sans nombre qui ont affligé cette ville, une