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AVIS DE L'ÉDITEUR.

quement à notre intervention que ceux qui ont pris quelqu’intérêt (et nous savons que le nombre en est très grand) à ce roman canadien, devront de pouvoir le placer dans leur bibliothèque, à côté des œuvres plus brillantes de la littérature française contemporaine.

Nous en avons assez dit pour établir nos droits à la bienveillance de nos compatriotes dans cette entreprise : nous croyons devoir maintenant ajouter quelques mots sur la nature de l’ouvrage que nous publions.

Ceux qui chercheront dans Charles Guérin un de ces drames terribles et pantelans, comme Eugène Sue et Frédéric Soulié en ont écrits, seront bien complètement désappointés. C’est simplement l’histoire d’une famille canadienne contemporaine que l’auteur s’est efforcé d’écrire, prenant pour point de départ un principe tout opposé à celui que l’on s’était mis en tête de faire prévaloir il y a quelques années : le beau, c’est le laid. C’est à peine s’il y a une intrigue d’amour dans l’ouvrage : pour bien dire le fonds du roman semblera, à bien des gens, un prétexte pour quelques peintures de mœurs et quelques dissertations politiques ou philosophiques. De cela cependant il ne faudra peut-être pas autant blâmer l’auteur que nos canadiens, qui tuent ou empoisonnent assez rarement leur femme, ou le mari de quelqu’autre femme, qui se suicident le moins qu’ils peuvent, et qui en général mènent, depuis deux ou trois générations, une vie assez paisible et dénuée d’aventures auprès de l’église de leur