Page:Chauvet - L Inde française.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Comme il n’existe à Pondichéry, ni café, ni théâtre, ni lieu de réunion publique, on se rencontrait régulièrement à ce cercle improvisé, et l’on s’y racontait les rares nouvelles du jour. Aller à la Pointe-aux-Blagueurs était l’une des distractions inscrites sur notre programme, qui ne brillait guère par la variété.

Quelquefois nous étions assaillis par des acrobates indigènes, d’une agilité et d’une adresse incomparables, par des escamoteurs ou par des charmeurs de serpents. Ceux-ci étalaient sur le sol un panier recouvert d’une toile grossière, se mettaient à souffler dans un chalumeau, espèce d’instrument primitif, plongeant dans une calebasse creuse, et ils tiraient de là des sons d’une extrême douceur que je ne puis comparer qu’à ceux du hautbois ou de la musette.

Au bout de quelques minutes, on voyait surgir du panier les têtes hideuses de deux ou trois serpents capelles qui, se dressant sur leurs queues et ouvrant leurs têtes sur lesquelles se dessinaient parfaitement les deux cercles qui les font désigner aussi sous le nom de serpents à lunettes, se balançaient en mesure en scandant par leurs mouvements chaque note de l’instrument.

Ce spectacle ne manque pas de grâce, mais j’avoue en toute franchise que l’horreur que m’ont toujours inspirée les reptiles détruisait à mes yeux le plaisir que paraissaient goûter quelques personnes à suivre la