Page:Chauvet - L Inde française.djvu/152

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qui avait contenu les restes de la chère défunte ; les efforts de ces dames pour l’arracher à la pièce mortuaire étaient infructueux.

Dès que la funèbre cérémonie fut terminée, nous vînmes le retrouver, le commandant et moi, et nous dépensâmes en vain toute notre éloquence pour le rendre au calme qui convient aux fortes douleurs.

— Elle était si bonne, si dévouée, si aimante ! s’écriait-il lorsque nous lui conseillions d’être raisonnable. Je n’avais qu’elle, jamais personne ne la remplacera dans mon cœur.

— Vous avez raison de ne pas la remplacer, répliquait le commandant, d’autant plus que, étant veuf, on redevient garçon et que cet état ne manque pas d’agrément ; mais sacrebleu ! il est inutile de vous faire du mal.

— Songez, ajoutai-je, que Zara était fatalement destinée à mourir jeune ; que, d’après l’avis des médecins, elle endurait d’atroces souffrances et qu’il vaut mieux pour elle que Dieu ait mis fin à son agonie.

— Ce que vous dites là est vrai, je le sens bien, mais c’est plus fort que moi ; cette séparation me tuera.

— Soyez homme et elle ne vous tuera pas, d’ailleurs n’est-ce pas une consolation pour vous qu’elle repose à quelques pas d’ici, dans un cimetière tout fleuri qui a plutôt l’air d’une oasis que d’un cimetière ; cela vous fera une délicieuse promenade.