Page:Chauvet - L Inde française.djvu/158

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richi de fraîche date, qui, à mille prétentions, joignait celle d’avoir fait la guerre avec gloire en Espagne et parlait à chaque instant de la fameuse bataille de Salamanque dans laquelle il s’était, disait-il, prodigieusement distingué.

Le chansonnier, ignorant sans doute la bataille de Salamanque, tançait ainsi le traitant :


Ce mastodonte est du négoce
Le ventru le plus étoffé,
Avec sa tournure de noce,
On dirait un dindon truffé.
Il coupa d’estoc et de taille,
À Salamanque un beau laurier ;
Il assistait à la bataille
En qualité de… bachelier.


Ceci démontre que le ridicule appelle la satire, et la satire, il faut bien le dire, trouvait largement à s’exercer dans un milieu composé d’éléments hétérogènes, où la fortune, bien ou mal acquise, justifie toutes les excentricités, efface toutes les souillures et impose le plus profond respect. Dans nos colonies, on est forcément moins difficile qu’en France sur les gens avec lesquels on vit, et le fameux proverbe : « Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es » n’y a point d’application rigoureuse.