Page:Chauvet - L Inde française.djvu/191

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des Indes. À bord, un voyageur français auquel il conta son cas lui conseilla de se rendre tout simplement à Pondichéry, où il vivrait avec des compatriotes et ne serait pas tracassé.

Lorsque j’y arrivai, il attendait que son affaire fût terminée en France. Il lui tardait de rentrer, car il avait laissé sa maison en désarroi. Mais, et ceci fait l’éloge de son cœur, il se désolait d’avoir tué un homme.

Un jour que nous aspirions la brise à la Pointe-aux-Blagueurs, le capitaine d’un des navires mouillés au large vint pour s’asseoir dans notre cercle.

Son apparition fit bondir l’exilé volontaire :

— Mais c’est lui, s’écria-t-il, c’est lui !

— Qui lui ? demandâmes-nous.

— Eh bien ! celui que j’ai tué !

— Moi-même, dit le capitaine.

Les gens que vous tuez se portent à merveille comme vous voyez.

— Vous n’êtes pas mort ?

— Pas encore que je sache, moun pichoun, et même, si vous voulez recommencer, je vous embroche à la façon d’un poulet, car vous n’êtes pas fort. Vous m’avez effleuré d’un coup de maladroit qui ne devrait pas compter.

— Cependant vous êtes tombé !

— J’étais tellement ahuri de votre botte insensée que je me suis allongé en riant comme un bossu.

— Je suis enchanté du résultat, répliqua le négociant.