jusqu’au bout, il délia son compagnon de la foi jurée.
— Mais qu’allez-vous faire quand je serai parti ? demanda celui-ci.
— J’apprendrai la langue des singes et je ferai la conversation avec eux, répondit fièrement L….
— Mais vous éprouverez un jour le besoin de ne pas vivre absolument seul ; vous regretterez, n’ayant pas d’ami, de n’avoir pas une femme.
— Alors j’épouserai une guenon.
— Vous voulez donc rester ici ?
— Certainement, je veux rester.
— Je me reprocherais toute ma vie de vous avoir abandonné, s’écria sir Williams qui ressentit un moment d’hésitation.
— Du tout, partez, vous me ferez plaisir. Je suis venu pour me transformer en sauvage ; je le deviendrai bien davantage quand vous ne serez plus là. Vos regrets, vos plaintes, vos soupirs m’horripilent ; vous me rendrez service en vous en allant.
— Puisqu’il en est ainsi, je file ; adieu.
L’entêtement de L… ne faiblit pas devant le départ de son ami ; il tint bon pendant quatre mois encore, vivant des produits de sa chasse et de sa pêche ; enfin son année de sauvagerie révolue, jugeant qu’il avait assez fait pour son amour-propre, notre homme quitta, à son tour, la forêt vierge et vint à Rio-Janeiro.
Il essaya en vain d’y reconstituer sa fortune, alors il