La toilette extérieure des maisons se renouvelle souvent dans l’Inde où l’on aime les couleurs riantes et variées. La maison de mon ami gardait la teinte sombre qu’y avaient déposée les intempéries des saisons : les années se succédaient prospères. Un jour le vent tourna, l’immeuble fut impitoyablement abandonné.
Le propriétaire du procureur général était un riche Babou malabar, en contact journalier avec la population européenne. La fréquentation aurait dû lui élargir un peu l’esprit et développer en lui le sentiment du bon goût. Ayant fait élever un étage sur sa maison à rez-de-chaussée, au-dessus des fenêtres de sa nouvelle construction, il fit peindre deux rosaces abominables, présentant confusément un mélange de toutes les couleurs.
Cette horrible peinture, sur laquelle se jouaient les rayons ardents du soleil, aveuglait les visiteurs. Le locataire, homme du monde d’une grande distinction, gémissait de voir l’odieux barbouillage qui déshonorait son habitation, et dont il ne pouvait s’expliquer ni le but ni le prétexte. Il s’en plaignit au Babou :
— Comment vous êtes-vous décidé à badigeonner ainsi votre immeuble ?
— Vous ne voyez donc pas, répondit l’honnête propriétaire, que cette peinture est là pour attirer et figer les regards des divinités ennemies qui rôdent sans cesse autour de nous.
— C’est l’effet du paratonnerre que vous espérez de votre