fait orientale les quelques jours de loisir que nous laissait notre arrivée prématurée dans le vieux royaume des Pharaons.
Le chemin de fer n’existait pas encore à travers le désert ; le canal de Suez n’était qu’un projet grandiose, jugé par les uns impossible dans la pratique, ou destiné, selon l’opinion la plus favorable, à attendre pendant des siècles sa réalisation. On sait avec quelle rapidité cette œuvre de géant s’est accomplie, malgré de sinistres présages, grâce à l’énergique volonté de celui qui l’avait rêvée. Nous n’eûmes donc d’autre ressource que de prendre passage sur l’un des petits bateaux à vapeur qui parcourent le canal du Mahmoudjé et remontent le Nil à partir d’Aflé.
C’était, à cette époque, la manière la plus commode de voyager en Égypte ; elle avait surtout l’avantage de ne rien dissimuler du pittoresque de la route.
Notre traversée s’acheva d’ailleurs sans incident qui mérite d’être noté ; nous mouillâmes le lendemain au port de Boulack, où des voitures attendaient l’arrivée du bateau. On chargea nos bagages à dos de chameau, nous prîmes place dans deux voitures, et, en quelques minutes, nous mîmes pied à terre devant l’hôtel d’Orient, placé au centre du quartier européen, plus connu sous le nom de quartier français.