Page:Chauvet - L Inde française.djvu/284

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Nous laissâmes son cadavre au milieu du chemin, et, en nous éloignant, nous pûmes voir le vol des vautours se rapprocher peu à peu de la terre où gisait notre victime. Il est supposable qu’il ne fallut pas longtemps à la compagnie des oiseaux de proie pour dépecer le redoutable quadrupède. J’avoue que ce petit voyage ne fut exempt ni de soucis ni de peur et que je fus enchanté de me retrouver sain et sauf dans la villa des Nelghéries.

J’y passai deux jours encore dans la société de lady G… et de son amie. Comme j’exprimais devant ces dames le regret de n’avoir pas visité Bombay et les pagodes souterraines d’Eléphanta et de la Salcette :

— Ne regrettez rien, me dirent-elles, nous avons vu ces prétendues merveilles, et elles ne nous ont inspiré qu’un médiocre enthousiasme. Il est étrange, sans doute, qu’on ait creusé d’énormes rochers pour faire de ces cavernes des lieux de prière ou de cérémonies ; cela pouvait exciter une certaine curiosité autrefois, mais aujourd’hui, les piliers de ces temples enfouis dans le sol, les statues des dieux, les colonnes, les symboles taillés dans la pierre tendre s’émiettent de jour en jour, et c’est à peine si l’on peut distinguer dans cet effondrement les naïves compositions des sculpteurs indiens.

— C’est égal, je me promets de faire un jour le voyage de Bombay, pour voir ce qui reste de ces témoignages de la piété brahmanique.

— Vous n’en aurez peut-être pas le temps, ajouta