conservé le titre de roi et les apparences de la royauté ; mais il n’est plus qu’un pensionnaire de l’Angleterre. Des collecteurs anglais perçoivent les impôts, et il reçoit une pension qui le dispense de rien faire. Auprès de lui, la royale Compagnie a placé un de ses agents avec le titre de résident, un ambassadeur au petit pied, lequel n’est en réalité qu’un surveillant de tous ses actes.
En arrivant chez le rajah, j’admirai la belle architecture de son palais. Nous traversâmes une immense cour sur l’un des côtés de laquelle était campée toute une ménagerie : tigres, lions, léopards, bêtes fauves de tous poils et de toutes tailles, se dressèrent contre les barreaux de leurs cages et poussèrent d’effroyables rugissements lorsque la musique indienne salua notre arrivée.
Nous atteignîmes le salon découvert du premier étage où se tenait le roi assis sur un trône, et, sur un tabouret placé à sa gauche, le résident anglais. Le tabouret de droite était pour le ministre. La présentation eut lieu selon les formes de l’étiquette indienne. L’accueil du rajah fut tout à fait gracieux ; il n’en fut pas tout à fait de même de celui du résident qui ne me quitta pas du regard pendant l’audience, et dont l’inquiétude se trahit par une moue significative.