Page:Chauvet - L Inde française.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gieuse. Il voyait partout des ennemis ou des traîtres, prêts à ruiner son influence, à amoindrir ou à détourner son autorité.

Pour ce qui me concerne, je suis convaincu que, à ses yeux, l’invitation à laquelle je m’étais rendu avec tant d’empressement n’était qu’un prétexte pour couvrir de machiavéliques projets. Mon intimité avec le vizir lui inspira sans doute la pensée que ma visite n’avait d’autre but que de soustraire le jeune rajah à l’influence britannique, de rompre violemment le traité qui le liait à la Compagnie et de donner à la France l’ancien royaume du Tanjaour, dont les maganoms de Karikal avaient fait, pendant des siècles, partie intégrante.

C’était de la folie, sans doute ; mais, étant donné le caractère ombrageux du personnage, cette folie était sous certains rapports explicable. À ses yeux, le secrétaire général du gouvernement français était nécessairement un agent politique ayant mission de tâter le terrain et de préparer un changement de domination. M. Fakland ne songeait pas que le fonctionnaire en visite n’était, à Tanjore, qu’un simple particulier ; qu’il y était venu seul et qu’il était absurde de lui supposer l’intention d’annexer le Tanjaour aux possessions françaises du Malagala.

Quoi qu’il en soit, l’air contraint du résident et la froideur de son accueil ne me laissèrent aucun doute sur le degré de confiance que je lui inspirais. Il avait