Page:Chauvet - L Inde française.djvu/331

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fût ornée à temps, des escouades de coolies vinrent y travailler pendant le dîner. Ils opérèrent avec tant de discrétion, que je ne me doutai pas un seul instant de la surprise qui m’attendait à la sortie.

Obéissant à l’affection que j’avais su leur inspirer, mes domestiques avaient sollicité comme une faveur de m’accompagner jusqu’à Madras, où je devais prendre le paquebot anglais. Mon dobachi avait organisé notre caravane. Des charrettes à bœufs, chargées du bagage que j’emportais avec moi en France, et mes ayas m’attendaient, vers deux heures, à la halte la plus voisine, où il était convenu que je les rejoindrais en palanquin.

À l’heure fixée, ayant pris congé de mes amis, je montai dans mon palanquin au milieu d’une foule immense composée d’indigènes, qui me saluèrent de leurs acclamations. Plusieurs centaines de torches éclairaient cette scène ; mon hôtel, de la base au faîte, était couvert de verdure, avec toutes leurs branches et leurs fruits. La porte cochère était encadrée de cocotiers et de palmiers. Mes porteurs eurent une peine infinie à se frayer un passage à travers cette multitude, et, lorsqu’ils purent s’élancer au pas rapide et régulier qui distingue leur caste, la plus grande partie des assistants se mirent à leurs trousses en faisant retentir l’air de vivats prolongés.

J’atteignis ainsi le Bengalow, où stationnaient mes voitures et la moitié de ma maisonnée, ayant pour cortège tous mes autres serviteurs et quelques milliers