Page:Chauvet - L Inde française.djvu/45

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sur un signe du maître, elle ne s’arrêtât tout à fait à une très-courte distance de l’endroit où je me trouvais. Après avoir subi un nouvel examen, je vis l’un des coureurs se diriger vers moi.

Le messager me salua avec toutes les marques de respect si familières aux orientaux de condition inférieure ; puis, me montrant du geste la voiture, il me fit signe de l’accompagner.

Je jetai sur la table le prix de mon sorbet, et très-intrigué de ce commencement d’aventure, je me dirigeai d’un pas rapide vers l’équipage, où je fus accueilli par le plus gracieux sourire.

— Vous ne m’avez donc pas reconnu, me demanda en bon français une voix qui ne m’était pas étrangère, et trois ou quatre années m’ont-elles vieilli à ce point que vous ne vous rappeliez plus les traits d’un vieil ami ?

— Pardonnez-moi, dis-je avec un certain embarras. Il me semble vous avoir connu autrefois, mais je ne saurais rien préciser à cet égard.

— Ah ! c’est ma barbe qui produit cette confusion dans votre mémoire, je ne la portais pas à Paris ; mais ici elle fait partie de la tenue officielle : un pacha sans barbe tiendrait du phénomène.

Ce mot de Paris, la pureté de l’accent et le rapprochement surtout m’aidèrent à reconstituer mes souvenirs.