Page:Chauvet - L Inde française.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nettes d’albâtre et doucement éclairées par le demi-jour que tamisaient les stores, produisaient sur l’imagination une impression singulière.

Sur l’un des larges divans qui ornaient cette pièce était couché Sadyck. Il ne dormait pas, il se reposait des fatigues de la veille. Il me tendit la main et me complimenta sur mon exactitude, puis, sans transition, nous nous mîmes à causer des jours heureux de notre jeunesse, de Paris, du passé et de ses plaisirs envolés ; nous vidâmes, comme on dit vulgairement, le sac aux souvenirs.

L’heure du déjeuner nous surprit en veine de divagations rétrospectives. À l’annonce faite par l’homme de confiance du pacha, nous nous dirigeâmes vers la salle à manger qui ne le cédait en rien, pour la décoration et la richesse, à tout ce que j’avais déjà vu de cette admirable résidence.

Le déjeuner fut à peu près servi comme l’avait été le dîner chez Soliman-Pacha. Ce dernier, Français et catholique, accordait naturellement aux vins une place importante dans l’alimentation. Il en était de même dans la maison de Sadyck-Pacha, qui, quoique mahométan, était devenu tout à fait Français par suite du long séjour qu’il avait fait en France.

— Le prophète, dit-il, défend l’usage du vin aux adeptes de sa religion ; mais, en le défendant, il a visé surtout l’ivrognerie. Or, comme je ne m’enivre jamais, je me permets cette légère infraction aux prescriptions