Page:Chauvet - L Inde française.djvu/64

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était fatigant, et il fallait veiller sur soi dans les escales, car personne ne vous rappelait, si vous l’aviez oublié, que l’heure du départ avait sonné, et le master, l’ordonnateur de cette caravane par mer et par terre, vous laissait parfaitement où vous étiez.

À part ce petit inconvénient, on était fort bien traité en route ; la table, notamment, était abondamment servie du soir au matin, mais le vin n’entrait pas dans le prix du passage, et on vous faisait payer 6 francs la moindre bouteille de vin frelaté sous l’étiquette de Bordeaux.

Il y avait une centaine de personnes environ à transporter à Suez : c’étaient des officiers qui, après un congé, ralliaient l’armée de la Compagnie ; des fonctionnaires de la Péninsule ; des trafiquants ; des pacotilleurs ayant lancé leur pacotille sur la voie du Cap, et allant l’attendre à Madras, à Bombay ou à Calcutta ; des Anglaises vaporeuses allant rejoindre leurs maris ou de jeunes misses en quête de ces oiseaux si rares en Angleterre, et des ministres, vêtus de noir, le cou enfoncé dans leur cravate blanche, et lisant la Bible pour se distraire.

On opérait alors la traversée du désert à l’aide de vans, voitures fortement suspendues, à six places et à double boîte. Ces boîtes sont formées de laines comme les jalousies et enchâssées l’une dans l’autre.

Grâce à cette combinaison, les patients reçoivent l’air