Page:Chauvet - L Inde française.djvu/78

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nous avons fait une demi-heure de chemin, et pour voir quoi ?

— Pour voir un pays inconnu.

— Je voulais m’en tenir au rivage ; mais comment résister à l’entraînement, j’ai dû me résigner à pousser jusqu’à la ville, et quelle ville !

— Le moyen de connaître c’est de voir, ajouta sentencieusement le général.

— De voir quoi ? sauf les fortifications et les casernes, toutes les maisons sont en boue, couvertes d’algues ; La population est sale et déguenillée. Autour de la ville, une vallée désolée où trois ou quatre manches à balai ont la prétention de représenter la végétation ; comme fond de paysage, des montagnes à pic et des volcans, et dans cet entonnoir un air qui vous rissole le visage, voilà ce que j’ai vu.

— Très-curieux, affirma le général.

— Tellement curieux que, pour ne pas rester deux jours dans ce pays maudit à attendre le départ du steamer pour Maurice, j’ai pris la résolution d’aller jusque dans l’Inde.

— Allons, mon cher consul, interrompit l’amiral, ne dites pas trop de mal d’Aden, cette ville a eu ses grands jours : elle a été, sous les Ptolémées et jusqu’au moyen âge, l’entrepôt du commerce des Indes. Elle n’a cessé de l’être que depuis la découverte du cap de Bonne-Espérance ; son port est excellent, et les Anglais, qui sont