Dutoc. — Pourvu qu’il n’y ait pas de la mauvaise foi de la part de l’administration !
Beaudard. — Allons donc ! Un chemin de fer qui donnait encore le mois dernier de superbes dividendes ! il n’est pas dans le besoin.
Dutoc. — On ne sait pas ! il ne faut jamais répondre de rien !
Beaudard, ébranlé. — Alors qu’en fera-t-il ? Ce n’est pas pour la défroque ? Le brave homme est mort dans sa baignoire, et on n’a pas ajouté une épingle à sa toilette.
Dutoc. — Ah ! il s’est éteint dans l’eau ?
Beaudard. — Oui, entouré d’un garçon de bain.
Dutoc. — Et avant d’être dans sa baignoire, il était dans les affaires ?
Beaudard. — C’est ce que j’ai appris de ce grand maigre que vous voyez là-bas, qui disait tout à l’heure : J’ai été pendant quarante années dans les affaires avec Pointol, et c’est la première fois de sa vie que je le vois inexact.
Dutoc. — Quarante ans de travail ! Ce n’est pas encourageant pour ceux qui commencent.
Beaudard. — Il n’y avait pas un mois qu’il vivait de ses rentes !
Dutoc. — Comme il aurait mieux fait de vivre de ses rentes durant les quarante années et de ne se mettre au travail qu’à son dernier mois.
Beaudard. — Il est des gens qui ne savent pas arranger leur vie.
Dutoc. — Si, par le plus grand des hasards, on consent à nous restituer le défunt…
Beaudard. — Espérons-le !