Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/222

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ne serait pas à la noce : je sais ce que je sais, voyez-vous !

Madame Cambournac. — Est-il possible ?

Madame veuve Colombin — Entre nous, v’là la chose : il avait un parrain. Était-ce son parrain ? J’en doute, car il est venu au monde sans étiquette ; il a été trouvé dans la boîte à lait d’une locataire. Allez rappeler tout ça au Ducerceau, il vous répondra avec aplomb : qu’abandonné par ses parents dès ]’âge de trois semaines, il s’est suffi à lui-même, et que si on l’a ramassé dans la boîte à lait, c’est qu’il y était venu seul, croyant y trouver à téter.

Lorsqu’il parle de cette époque-là, il dit : Quand je faisais ma bohème.

Enfin, bref, son parrain est mort en lui laissant son fond de soufflets.

Ils étaient attachés par paquets de mille ; je les vois encore : il y avait trente-deux paquets. Je suis sûre du nombre, voyez-vous, parce qu’à cette époque je me suis dit :

— Tiens, trente-deux, un de plus et ça ferait l’âge du sans-culotte Camille Desmoulins à sa mort.

Enfin, bref ! avec ses amis (car il connais Paris entier) et dans tous les bureaux, il a mis, un par un, ses soufflets au Mont-de-piété, à raison de trois francs par pièce.

À chaque passant, il disait

— Allez donc m’engager un soufflet.

Sans compter les commis voyageurs qui lui en engageaient aux Monts-de-Piété de province. Même que le directeur général de l’établissement a fait un rapport à l’Institut, où il écrivait : « Les soufflets