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LA VOIX

L’aigle des Francs à la grandeur du monde
Sut mesurer son orbe audacieux.
L’hiver borna la course vagabonde
De son char d’or, il a roulé des cieux ;
Mais en tombant sous les neiges mortelles,
Il fit jaillir des lauriers toujours verts.
Réchauffons-nous aux baisers de nos belles,
Et, verre en main, célébrons les hivers.

Le monsieur. — !!!

La marchande. — Oh ! monsieur, quel blasphème !! ne dites donc pas que c’est stupide. « Cet aigle qui fait son orbe et qui roule de son char en faisant jaillir des lauriers », est-ce assez beau !! Comme il attrape bien la touche du maître ! on dirait du vrai Béranger !!

LA VOIX

Un jour d’hiver, Lise a fait ma conquête ;
Il m’en souvient, c’était au coin du feu,
Elle étendit sa jambe si bien faite ;
Ma main alors…

(La voix s’éteint.)

Le monsieur. — …?

La marchande. — Oui, vous avez raison. Avec ses chants il trouble les pratiques, et je m’en débarrasserais bien volontiers, mais Gaétan dit que chacun doit encourager les arts suivant ses moyens. Il est fou des poètes. À la Révolution de février, nous en logions un qui ne savait où cou-