Monsieur. — Pas possible !
Madame. — Un soufflet d’une telle force que chacun s’est vite caché la figure sous sa serviette pour ne pas recevoir des éclats de tête. Bichard voulait la lampe à droite, à cause de son mauvais œil ; Aglaé la voulait à gauche, ce qui avantageait ses diamants ; chacun d’eux la posait et la reposait ; à la sixième fois, Aglaé, qui est rageuse, a fini par la camper, exprès, au beau milieu du plat d’épinards ; c’est alors que son mari lui a réchauffé la joue. (Riant.) Je ris encore de la figure que faisait Aglaé ; mais, au fond, je suis indignée contre Bichard, car l’homme qui bat une femme est un lâche.
Monsieur. — Oui, bien souvent…
Madame. — Quoi ? bien souvent ? Tu peux dire : toujours ! L’homme qui bat une femme est toujours, toujours un lâche !
Monsieur. — À moins qu’il n’ait été poussé à bout.
Madame. — Poussé à bout !!! Est-ce que tu aurais l’audace de vouloir défendre Bichard ?
Monsieur. — Non, non… Seulement, je dis qu’il est des circonstances…
Madame, sèchement. — Tiens, tu ferais mieux de dire franchement le fond de ta pensée.
Monsieur. — Mais je n’ai pas de fond de pensée.
Madame. — C’est que, avec tes « circonstances, » tu parais vouloir te mettre en scène.
Monsieur, naïvement. — Moi ! Ah ! grands dieux, non !
Madame. — Pourquoi ris-tu en disant cela ?
Monsieur. — Je ris… Dame ! Je ris comme tu