Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/40

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cherchent pas à éterniser une bouderie ; ils ont des moments d’emportement, c’est vrai, mais, au moins, la main tournée, ils ne pensent plus à rien… comme votre ami Bichard, par exemple.

Monsieur, agacé. — Oh ! en voilà un que j’approuve… en ce moment.

Madame. — Hein ! quoi ? Que voulez-vous dire ?

Monsieur, cherchant à se modérer. — Rien, rien, je me comprends… Mais, une dernière fois, laisse-moi tranquille.

(Il s’enfuit dans l’antichambre).

Madame, le pourchassant. — Ah ! vous approuvez votre Bichard, parce qu’il a flanqué un soufflet à sa femme !… Vous voudriez peut-être l’imiter, et vous vous figurez sans doute que je suis en pâte molle comme Aglaé ?… Mais avisez-vous de me menacer, moi !… du bout du doigt seulement… Demain, vous ne seriez plus en vie ! (Venant le regarder sous le nez.) Voyons, touchez-moi donc ?… Je vous en défie ! (Il la repousse doucement sans mot dire.) Ah ! vous n’osez pas ! Vous n’êtes pas assez courageux pour avoir cette lâcheté de battre une femme ! Vous voyez bien ces ongles-là ?… Je vous en découperais la face. Oh !

Monsieur, encore maître de lui. — Prends garde, Sylvie, tu viens de me fourrer un doigt dans l’œil !

Madame. — Voulez-vous bien me lâcher le poignet, ou je crie à la garde, à l’assassin et au feu tout à la fois ?

Monsieur. — Alors, fais attention à tes mains.