Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/78

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Juin 1862. — Mon jardin est grand comme un mouchoir de poche ; deux pieds de lierre et trois géraniums, qui suffisent pour l’orner, me dispensent d’un jardinier. — Quant à l’habitation, ce n’est pas une maison ni même une maisonnette, c’est une simple chaumière, un modeste asile où nous aurons tout uniment deux lits pour dormir, car nous comptons bien passer tout le jour chez nos excellents amis. — Notre vue serait assez triste si nous n’avions pas devant nous le potager des Bidaut, dont le mur peu élevé permet à l’œil de planer sur l’immense vallée où serpente la rivière.

Je ne ferai aucun frais pour Modeste asile ; pas de papiers neufs ; des murs simplement blanchis à la chaux, c’est plus rustique. Et puis, à quoi bon faire des frais, puisque, d’un instant à l’autre, le propriétaire du château va venir me faire une de ces propositions qu’il a tant renouvelées au paysan qui m’a vendu ? — Deux lits doivent donc suffire amplement à notre installation.

Juin 1862. — Nous avions choisi dans notre mobilier de Paris les meubles strictement nécessaires pour les envoyer à Modeste asile, et nous avions comblé le vide par des meubles neufs. Mais près de ces nouveaux venus, le reste de notre mobilier a paru si peu frais, que nous avons pris le parti de tout envoyer à la campagne et de remeubler entièrement à neuf notre appartement de Paris. — La note du tapissier sera salée, mais je saurai me rattraper sur le propriétaire du château quand, à son parc, il voudra annexer Modeste asile que je lui vendrai tout meublé. — Outre de