Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/83

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bouillons ; les paysans malades ne veulent plus quitter le lit. Depuis le commencement du mois, elle a distribué deux cent quarante-sept chemises à des gens qui n’ont jamais eu l’idée d’en mettre une ; quand ils se marient, ils empruntent la chemise déposée pour cet usage à la mairie, où elle a été fondée par le grand Turenne.

Septembre 1863. — Cette bienfaisance exagérée, produite par la vanité blessée de Sylvie, nous coûte un gros argent, que j’aimerais mieux voir ma femme employer à soutenir notre dignité personnelle… comme je le fais en ce moment.

Après notre brouille avec les Bidaut, j’avais dû songer à me créer des relations de voisinage dans le pays, qui est tout peuplé de nobles. Je leur ai fait ma visite d’arrivée ; ils m’ont envoyé poliment leur carte, puis ils en sont restés là… Ils nous ont tenu dédaigneusement à l’écart, malgré les immortels principes de 89 !! Certes, ces messieurs sont libres d’agir ainsi, et je n’aurais rien dit sans un M. de Trougaillac-Gaillac qui, d’après le rapport de mon élagueur, s’est permis de dire qu’il ne frayait pas avec des commerçaillons. Mais je me suis vengé. C’est un homme qui aime à arrondir ses propriétés. Aussi, dès qu’il y a dans le pays un bout de champ ou un coin de vigne à vendre, crac ! je lui coupe l’herbe sous le pied. Je lui en ai déjà fait passer sous le nez pour 47.000 francs. — Ah ! un commerçaillon !

Octobre 1863. — L’hiver arrive, et nous allons quitter Modeste asile, qui, en terrains, bâtisse et aumônes, me coûte 214.000 francs.