Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/94

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M. Fraichot. — Vous savez bien, le vieux cousin qui vivait avec nous ?

Mme Cambournac. — Oui, ce vieux sans âge, et si laid que les juments pleines détournaient la tête. Eh bien ?

M. Fraichot, éclatant. — Défunt ! pour toujours !

Mme Cambournac. — Comment ! vrai ? il est mort !… et pourquoi ? Exprès alors ?

M. Fraichot. — Un caprice ! hier, tout doucement… au moment où le gazier tintait pour éteindre le gaz.

Mme Fraichot. — Il a fait comme ça : Pfuiii ! Moi, je croyais qu’il avait trop mangé ; pas du tout, il rendait son âme.

Mme Cambournac. — Ô le pauvre cher homme !

M. Fraichot. — Maintenant faut être juste et dire que, depuis l’âge de vingt ans, il était privé de toutes les joies de ce monde.

Mme Cambournac. — Il était eunuque ?

M. Fraichot. — Non, il était sourd, mais ça ne le gênait pas pour son état de dentiste.

Mme Cambournac. — Ça ne fait rien, je comprends que vous le pleuriez.

Mme Fraichot, avec un profond étonnement. — Oh ! mais vous n’y êtes pas, madame Cambournac ! les quinze cents livres de rentes qu’il nous laisse nous empêchent de le regretter ; vous n’y êtes pas (pleurant), ça n’est pas ça.

Mme Cambournac. — Quoi donc, alors ?

M. Fraichot. — Il est parti hier dimanche gras ; aujourd’hui les formalités ont lieu et il faudra l’enterrer demain mardi gras. Comprenez-