Aller au contenu

Page:Chazel - Le Chalet des sapins, 1875.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

84
le chalet des sapins

mienne. Wolff avait été élevé en même temps que moi par ma mère. Alors, vous comprenez, Wolff, c’était mon frère. Ah ! quel chien ! quel ami c’était que mon Wolff ! Il était plus fort à lui tout seul que vous deux ensemble. Comment se fait-il qu’il ne soit pas revenu me trouver ? Bien sûr, Wolff est mort ; car ce n’est pas lui qui aurait souffert qu’on le mît à la chaîne, comme vous le souffrez tous les jours. Wolff savait que ni les chiens ni les hommes ne sont faits pour être enfermés dans des niches ou dans des murailles. Wolff n’aurait pu vivre prisonnier ; la prison l’aurait tué, comme elle me tuerait moi-même, si je la subissais plus longtemps. Mais écoutez-moi bien. Ça ne peut pas durer, ça. Un jour, bientôt, je romprai votre chaîne, je vous détacherai pour toujours, et nous irons vivre librement, vivre au grand air, dans la grande forêt. Vous serez contents, n’est-ce pas ? Toi, Nestor, tu chasseras les lapins et les lièvres, et Fox et moi nous irons à la découverte dans les campagnes cultivées. Je vendrai des sifflets, des casse-noisettes et des paniers. Nous ne manquerons de rien, allez. Il y a dans la forêt des cachettes, des grottes qui valent bien les niches et les chalets. Nous y coucherons sur de la bonne mousse sèche ; c’est bien plus doux que les lits. »