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Page:Chazel - Le Chalet des sapins, 1875.djvu/296

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le chalet des sapins

« Tais-toi ! Veux-tu te taire ! misérable serpent ! » cria-t-elle.

Et, brandissant la pioche dont elle était armée, elle se jeta à corps perdu sur Zaféri.

Zaféri fit un bond de côté. Mais le coup qui lui était destiné ne devait pas être perdu. La pioche siffla dans l’air, s’abattit sur son épaule, ricocha brusquement et vint retomber sur la tête du chien. J’entendis un hurlement funèbre comme un cri d’agonie. Le pauvre Wolff battit l’air de ses pattes de devant et retomba lourdement, le museau le premier, en poussant un sourd gémissement.

En même temps, leste comme un chat sauvage, Zaféri avait pris son élan. Il avait saisi la vieille à la gorge, et le choc fut si rapide que tous deux, enlacés dans la même étreinte, roulèrent avec fracas dans les broussailles.

J’aurais voulu me sauver que mes jambes m’auraient refusé tout service. Ces incidents s’étaient précipités coup sur coup avec une rapidité extraordinaire. Les bohémiens, un instant interdits, faisaient mine de se jeter sur nous ; mes yeux se fermèrent instinctivement, et j’adressais déjà au ciel une de ces prières ferventes qui sortent du cœur aux moments suprêmes, quand une