Page:Chefs-d'œuvres des pères de l'église, tome XV, 1838.djvu/433

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PRÉFACE.

Cédant aux pressantes sollicitations de quelques-uns de mes frères, j’ai mis au jour un petit ouvrage composé en forme de méditation religieuse sur les mystères de la foi, et dans lequel j’avais emprunté le langage et les idées d’un homme qui s’entretient, solitaire, avec sa pensée, et cherche Dieu avec les lumières de sa raison. À peine cet ouvrage eut-il paru que, songeant à cette longue série d’argumens qu’il m’avait fallu employer, et dont la chaîne non interrompue m’avait semblé nécessaire pour arriver à mon but, je me demandai si par hasard on ne pourrait pas trouver un argument unique, indépendant de tout autre, se suffisant à lui-même, pour opérer la conviction, pour établir avec certitude que Dieu existe, qu’il est la cause suprême de toute existence et la source première de tout bien ; en un mot, pour rendre compte de tous les attributs que la foi accorde à la nature divine. Long-temps je cherchai dans ma pensée cet argument victorieux, long-temps je le poursuivis dans les profondeurs de la réflexion avec une ardente curiosité. Parfois il me semblait que j’allais le saisir, mais toujours il m’échappait au moment où je croyais l’atteindre. Fatigué de mes inutiles efforts, et désespérant du succès de mon entreprise, j’avais résolu d’y renoncer et d’abandonner une recherche que je regardais désormais comme infructueuse ; mais j’eus beau vouloir chasser cette idée de mon esprit, de peur qu’en l’occupant à la poursuite d’un objet impossible à atteindre elle ne l’empêchât de se livrer à des travaux moins futiles et plus profitables, elle s’établit obstinément en moi, elle m’obséda de plus en plus, malgré tous mes efforts pour me délivrer de sa présence importune et de ses continuelles persécutions. Un jour donc qu’elle me pressait avec un nouvel acharnement et que j’étais plus fatigué que jamais de cette lutte incessante, au milieu même de ce conflit de mes pensées, ce que j’avais inutilement cherché vint s’offrir tout-à-coup à mon esprit et me força d’embrasser avec transport l’idée heureuse que je voulais repousser loin de moi. Tout fier de ma découverte, je m’imaginai que quelques lecteurs la verraient avec plaisir exposée dans un écrit où je ferais parler un chrétien qui s’efforce d’élever son âme jusqu’à la contemplation de Dieu, et qui cherche à se rendre compte de sa croyance. Je composai donc le petit ouvrage que je donne aujourd’hui au public. Je n’eus point, en le terminant, la prétention d’avoir fait un livre ; cette prétention, je ne l’avais pas eue davantage en terminant le premier :