Page:Chefs-d'œuvres des pères de l'église, tome XV, 1838.djvu/435

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ces deux opuscules me semblaient également indignes de paraître avec le nom de leur auteur. Cependant je ne voulais point les abandonner aux chances de la publicité sans donner à chacun d’eux un titre qui lui fît espérer un accueil favorable et lui servît de recommandation auprès de quelques lecteurs. J’avais en conséquence intitulé le premier Modèle de méditation sur les mystères de la foi, et le second la Foi cherchant l’Intelligence. Déjà ces deux petits ouvrages avaient été plusieurs fois transcrits avec les titres ci-dessus indiqués, quand des personnes de considération m’engagèrent à y mettre mon nom. Hugo, le vénérable archevêque de Lyon, qui à cette époque s’acquittait en France d’une mission apostolique, usa lui-même de toute son autorité sur moi pour me décider à signer ces deux écrits. Je dus obéir, et je jugeai en même temps convenable d’en changer les titres ; j’intitulai donc le premier : Monologue ou Soliloque, et le second : Proslogion ou Allocution.

CHAPITRE I.

Faible mortel, dérobe-toi un instant aux occupations d’ici-bas ; cherche un abri contre l’orage de tes pensées, dépose le pesant fardeau de tes inquiétudes, suspends ton pénible labeur. Un moment du moins occupe-toi de Dieu, un moment repose-toi en lui. Entre dans le sanctuaire de ton âme, ferme-le aux souvenirs importuns de la terre, aux vains bruits du monde, et, seul avec tes réflexions pieuses, cherche Dieu dans le silence du recueillement. Dis, ô mon cœur, dis maintenant à Dieu : « Je veux contempler ta face ; c’est ta face, Seigneur, que je veux contempler. » Et vous, mon Seigneur et mon Dieu, apprenez à mon cœur en quel lieu et comment il doit vous chercher, en quel lieu et comment il peut vous trouver. Seigneur, si vous n’êtes pas ici près de moi, où vous chercherai-je ? si vous êtes partout, pourquoi ne vous vois-je point ? Je sais que vous habitez au sein d’une lumière inaccessible ; où donc est-elle, cette lumière inaccessible ? comment pourrais-je en approcher ? qui me guidera vers elle ? qui m’y fera pénétrer afin que je vous voie dans votre mystérieuse et brillante demeure ? à quels signes, à quels traits vous reconnaîtrai-je ? Je ne vous ai jamais vu, mon Seigneur et mon Dieu ; je ne connais point votre visage. Que fera, Dieu très-haut, que fera ce pauvre exilé qui languit si loin de vous ? que fera votre serviteur qui brûle d’amour pour vous, et qui est banni de votre présence ? Il voudrait vous voir, et il ne peut franchir la distance qui le sépare de vous ; il voudrait aller vers vous, et, votre demeure est inaccessible ;