Page:Chefs-d'œuvres des pères de l'église, tome XV, 1838.djvu/439

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présence de Dieu, qu’avais-je entrepris et qu’ai-je fait ? quel était mon but et où suis-je arrivé ? vers quel objet aspirait mon cœur et pourquoi soupire-t-il ? Je cherchais le bien suprême, et je n’ai trouvé que la désolation ; je voulais m’élever vers Dieu, et je suis retombé sur moi-même ; je cherchais le repos dans le recueillement de ma pensée, et j’ai trouvé le trouble jusque dans le sanctuaire de mon âme ; je voulais m’abandonner à une pieuse allégresse, et je suis forcé de faire entendre le cri perçant de la douleur ; j’espérais entonner un hymne de joie, et ma bouche n’exhale que les accens de la tristesse. Mais vous, Seigneur, jusques à quand, jusques à quand, Seigneur, oublierez-vous vos créatures ? Jusques à quand détournerez-vous vos regards pour ne les point voir ? Est-il loin encore le jour où vous daignerez jeter les yeux sur nous et prêter l’oreille à nos prières ? le jour où vous ferez briller votre lumière dans nos cœurs, où vous révélerez à notre vue la majesté de votre face, où vous nous serez rendu ? Jetez les yeux sur nous, Seigneur, prêtez l’oreille à nos prières, faites briller votre lumière dans nos cœurs, révélez à notre faible vue la majesté de votre face, rendez-vous à nous, afin que nous soyons heureux en vous possédant, vous dont la privation nous rend si malheureux. Ayez pitié de nos peines et des efforts que nous faisons pour arriver jusqu’à vous, faibles mortels qui ne pouvons rien sans vous. Tendez-nous une main secourable, puisque votre voix nous appelle. Je vous en supplie, Seigneur, ne me laissez point soupirer dans le désespoir, mais faites que je respire par l’espérance. Je vous en supplie, Seigneur, mon cœur est désolé et plein d’amertume, versez en lui vos douces consolations. Je vous en supplie, Seigneur, je me suis mis à vous chercher, tourmenté par la faim, ne permettez pas que je m’en revienne affamé ; je suis venu vers vous pour vous demander le pain des anges, ne me laissez point vous quitter sans être rassasié de la nourriture céleste. Pauvre et malheureux, je vous implore, vous qui êtes riche et bienfaisant. Dédaignerez-vous ma prière ? m’abandonnerez-vous à mon indigence et à ma misère ? Je soupire parce que j’ai faim ; ne serez-vous pas touché de mes soupirs ? Seigneur, je suis courbé vers la terre et je ne puis regarder en haut ; relevez-moi, afin que je puisse contempler le ciel. « Le poids de mes iniquités fait pencher ma tête, il m’accable comme un lourd fardeau ; » soulagez-moi, faites que je puisse me redresser, que je puisse voir votre lumière, du moins de loin, du moins du fond de l’abîme où je suis tombé. Apprenez-moi à vous chercher ; montrez-vous à mes regards qui vous cherchent, car je ne