Page:Chefs-d'œuvres des pères de l'église, tome XV, 1838.djvu/451

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est cachée dans les profondeurs mystérieuses de votre bonté. Sans doute, vous êtes juste, souverainement juste ; mais vous faites grâce aux méchans, parce que vous êtes bon, souverainement bon. Votre bonté serait moins grande si vous ne pardonniez point aux coupables ; elle se manifeste avec plus d’éclat en s’étendant sur les bons et sur les méchans qu’en se bornant aux bons ; et le juge dont la sévérité est tempérée par l’indulgence vaut mieux que celui qui sait punir, mais ne sait point pardonner. Vous êtes donc miséricordieux, Seigneur, parce que vous êtes souverainement bon. Cependant le secret de votre miséricorde n’est pas encore dévoilé. Nous voyons, il est vrai, pourquoi vous récompensez la vertu, pourquoi vous punissez le crime, mais ce qui doit nous étonner, ce qui doit sembler incompréhensible, c’est qu’étant souverainement juste et tout-puissant, vous faites grâce aux coupables, vous les comblez de vos bienfaits.

Ô profondeur de la bonté divine ! Notre raison, Seigneur, entrevoit vaguement l’origine de votre miséricorde ; mais elle ne peut s’expliquer à elle-même cette origine mystérieuse. Nous apercevons l’endroit d’où le fleuve s’écoule ; nous pouvons dire : La source est ici ; mais comment le fleuve sort-il de cette source cachée ? nous l’ignorons. Votre indulgence pour les coupables naît de la plénitude de votre bonté ; mais comment en naît-elle sans porter atteinte à votre justice ? C’est un secret caché dans les profondeurs de cette bonté incompréhensible. Quand vous récompensez la vertu et que vous punissez le crime, vous faites un acte de bonté, sans doute ; on peut croire pourtant que vous faites surtout un acte de justice, mais quand vous comblez les méchans de vos bienfaits, nous sommes forcés de reconnaître qu’une pareille indulgence n’appartient qu’à un être souverainement bon, et de demander en même temps comment elle peut s’accorder avec la volonté d’un être souverainement juste. Ô miséricorde divine, de quelle source féconde, mystérieuse et pleine de douceur tu jaillis pour te répandre sur nous ! Ô bonté divine, de quel amour les pécheurs doivent t’aimer ! Tu récompenses la vertu avec justice, tu fais grâce au coupable sans cesser d’être juste. Tu donnes la vie éternelle aux bons à cause de leurs mérites, tu délivres les méchants de la damnation éternelle malgré leurs mérites ; tu récompenses la vertu qui vient de toi, tu pardonnes le mal que tu détestes. Bonté divine ! que tu es immense, puisque la raison humaine ne peut te mesurer. Puisses-tu épancher sur moi les ondes de la miséricorde, ces ondes salutaires dont tu es la source inépuisable. Ô mon Dieu, que votre clémence me pardonne ;