Page:Chefs-d'œuvres des pères de l'église, tome XV, 1838.djvu/471

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Chap. XXV.

Oh ! Qui pourra posséder ce bien suprême ? de quoi jouira-t-il en le possédant, et de quoi sera-t-il privé ? Il jouira de tout ce qui est désirable, il sera privé de tout ce qui ne mérite que l’aversion ; il puisera à la source qui renferme tous les biens de l’âme et du corps, biens mystérieux, inouïs, incompréhensibles.

Pourquoi donc, faible mortel, t’égarer en cherchant çà et là les biens de ton âme et de ton corps ? Aime l’unique bien dans lequel sont contenus tous les biens imaginables, cela suffit ; désire le simple bien qui est le bien universel, c’est assez. Qu’aimes-tu, ô mon corps ? que désires-tu, ô mon âme ? C’est là-haut, c’est là-haut que sont les objets de votre amour et de vos désirs. Ô homme ! Est-ce l’éclat de la beauté que tu envies ? Là « les justes brilleront comme le soleil. » Veux-tu dans tes membres une force invincible, dans tes mouvements une rapidité que rien n’arrête ? Là « les mortels seront semblables aux anges de Dieu ; » car « la terre reçoit dans son sein leur enveloppe matérielle, et au jour de la résurrection, ils seront revêtus d’un corps spirituel, » du moins par la puissance de ses propriétés nouvelles, sinon par sa nature. Est-ce une vie longue et calme qu’il te faut ? là t’attendent une éternité tranquille et une tranquillité éternelle ; car « les justes vivront à jamais. » Es-tu affamé ? là tu seras rassasié, « alors que Dieu t’apparaîtra dans sa gloire. » Veux-tu goûter une douce ivresse ? là « tu t’enivreras à la source des délices. » Le bruit des concerts charme-t-il ton oreille ? là « les chœurs des anges chantent éternellement le nom de l’Éternel. » Es-tu avide de voluptés nobles et pures ? là « tu te plongeras dans un torrent de voluptés sublimes et divines. » Désires-tu la sagesse ? Là se révélera à toi la sagesse de Dieu lui-même. Demandes-tu les douceurs de l’amitié ? là tu aimeras Dieu plus que toi-même et tes frères autant que toi-même ; Dieu t’aimera, et il aimera tous ses élus plus que tu ne t’aimeras et que tes frères ne s’aimeront ; car l’amour que tu auras pour Dieu, pour toi-même et pour tes compagnons de béatitude sera limité comme ta nature ; mais l’amour que Dieu a pour lui-même et qu’il aura pour eux et pour toi sera infini comme son essence. Est-ce la concorde qui te plaît ? là tous ceux qui se trouveront ensemble n’auront qu’une volonté, car ils n’en auront pas d’autre que celle de Dieu. Est-ce la puissance que tu ambitionnes ? là tous les bienheureux seront tout-puissants dans l’accomplissement de leur volonté, comme Dieu est tout-puissant dans l’accomplissement de la sienne. Ainsi que Dieu peut par lui-même tout ce qu’il veut, ils pourront par lui tout ce qu’ils