Page:Chefs-d'œuvres des pères de l'église, tome XV, 1838.djvu/475

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leur esprit et de toute leur âme, et si toute leur âme, tout leur esprit, tout leur cœur, ne suffit pas à la grandeur de cet amour, tout leur cœur, tout leur esprit, toute leur âme, ne pourra suffire non plus à la plénitude de leur bonheur.

Chap. XXVI.

Mon Seigneur et mon Dieu, vous qui êtes mon espoir et la joie de mon cœur, dites à mon âme si c’est là le bonheur que vous nous avez promis, en disant par la bouche de votre divin Fils : « demandez, et vous recevrez, et votre félicité sera pleine et entière ? » J’ai trouvé un bonheur plein et plus que plein ; car il inonde le cœur, il inonde l’esprit, il inonde l’âme, il inonde l’homme tout entier, et il reste toujours immense, inépuisable. Ce ne sera donc pas cet océan de joie qui entrera tout entier en nous ; c’est nous qui seront plongés tout entiers dans cet océan de joie. Dites, Seigneur, dites à mon âme si c’est là le bonheur réservé à ceux qui entreront dans votre céleste royaume, le bonheur mystérieux, inouï, incompréhensible qui attend vos élus dans l’autre vie ?

Ma bouche pourrait-elle exprimer, mon esprit pourrait-il concevoir toute l’étendue de leur félicité ? Sans doute l’étendue de leur félicité sera égale à celle de leur amour, l’étendue de leur amour égale à celle de leur intelligence ; mais quelle sera l’étendue de leur intelligence, de laquelle dépend celle de leur amour ? Qui pourrait dire ici-bas jusqu’à quel point les justes vous connaîtront, et combien ils vous aimeront dans l’autre vie ? Seigneur, écoutez ma prière, faites que je vous connaisse et que je vous aime, afin que je puisse vous posséder. Si la faiblesse de mon esprit m’empêche de vous connaître tout entier, et si la faiblesse de mon cœur m’empêche de vous aimer avec plénitude ici-bas, que mon cœur du moins s’agrandisse et que mon esprit s’éclaire de jour en jour ; que la connaissance et l’amour de vos perfections croissent de plus en plus dans mon âme, afin qu’il me soit donné de vous connaître et de vous aimer pleinement dans le ciel, et qu’après avoir obtenu ici-bas un avant-goût du bonheur suprême par l’espérance, je puisse le posséder réellement et tout entier dans la vie éternelle.

Seigneur, vous nous ordonnez, ou plutôt vous nous conseillez, par la bouche de votre divin Fils, de demander ce que nous désirons, et vous promettez de nous l’accorder et de faire en sorte que notre joie soit pleine. Seigneur, je vous implore, suivant le conseil que vous nous donnez par la bouche de votre divin Fils, accordez-moi ce que vous nous promettez, vous dont la promesse est toujours fidèle ; faites que ma joie soit pleine. Entendez ma voix, Dieu de vérité ; que je re-