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Page:Chefs-d'oeuvre des auteurs comiques, Tome 5, 1846.djvu/199

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À votre aise ! Après tout, liberté sur ce point.

Enfin quelqu'un m'a dit qu'ici vous pouviez être. [285]

Mais personne, Monsieur, ne veut vous y connaître ;

Et, dans ce vaste enclos que j'ai tout parcouru,

Je vous manquais encor, si vous n'eussiez paru.

DAMIS

De mes admirateurs tout cet enclos fourmille :

Mais tu m'as demandé par mon nom de famille ? [290]

MONDOR

Sans doute. Comment donc aurais-je interrogé ?

DAMIS

Je n'ai plus ce nom-là.

MONDOR

Vous en avez changé ?

DAMIS

Oui ; j'ai, depuis huit jours, imité mes confrères.

Sous leur nom véritable, ils ne s'illustrent guères ;

Et, parmi ces messieurs, c'est l'usage commun [295]

De prendre un nom de terre, ou de s'en forger un.

MONDOR

Votre nom maintenant, c'est donc ? ...

DAMIS

De L'Empyrée ;

Et j'en oserais bien garantir la durée.

MONDOR

De L'Empyrée ? Oui-da ! N'ayant sur l'horizon

Ni feu ni lieu qui puisse allonger votre nom, [300]

Et ne possédant rien sous la voûte céleste,

Le nom de l'enveloppe est tout ce qui vous reste.

Voilà donc votre esprit devenu grand terrien.

L'espace est vaste : aussi s'y promène-t-il bien.

Mais quand il va là-haut lui seul à sa campagne, [305]

Que le corps, ici-bas, souffre qu'on l'accompagne.

DAMIS

Et crois-tu donc qu'un homme à talents, tel que moi,

Puisse régler sa marche, et disposer de soi ?

Les gens de mon espèce ont le destin des belles.

Tout le monde voudrait nous enlever comme elles. [310]

Je me laisse entraîner chez Monsieur Francaleu

Par un impertinent que je connaissais peu.