À votre aise ! Après tout, liberté sur ce point.
Enfin quelqu'un m'a dit qu'ici vous pouviez être. [285]
Mais personne, Monsieur, ne veut vous y connaître ;
Et, dans ce vaste enclos que j'ai tout parcouru,
Je vous manquais encor, si vous n'eussiez paru.
De mes admirateurs tout cet enclos fourmille :
Mais tu m'as demandé par mon nom de famille ? [290]
Sans doute. Comment donc aurais-je interrogé ?
Je n'ai plus ce nom-là.
Vous en avez changé ?
Oui ; j'ai, depuis huit jours, imité mes confrères.
Sous leur nom véritable, ils ne s'illustrent guères ;
Et, parmi ces messieurs, c'est l'usage commun [295]
De prendre un nom de terre, ou de s'en forger un.
Votre nom maintenant, c'est donc ? ...
De L'Empyrée ;
Et j'en oserais bien garantir la durée.
De L'Empyrée ? Oui-da ! N'ayant sur l'horizon
Ni feu ni lieu qui puisse allonger votre nom, [300]
Et ne possédant rien sous la voûte céleste,
Le nom de l'enveloppe est tout ce qui vous reste.
Voilà donc votre esprit devenu grand terrien.
L'espace est vaste : aussi s'y promène-t-il bien.
Mais quand il va là-haut lui seul à sa campagne, [305]
Que le corps, ici-bas, souffre qu'on l'accompagne.
Et crois-tu donc qu'un homme à talents, tel que moi,
Puisse régler sa marche, et disposer de soi ?
Les gens de mon espèce ont le destin des belles.
Tout le monde voudrait nous enlever comme elles. [310]
Je me laisse entraîner chez Monsieur Francaleu
Par un impertinent que je connaissais peu.