Page:Chefs-d'oeuvre des auteurs comiques, Tome 5, 1846.djvu/205

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Qui te veut nourrir d'air ? Es-tu fou ?

Nullement.

DAMIS

Ma foi, tu n'es pas sage. Eh quoi ! Tu te révoltes

À la veille, que dis-je ? Au moment des récoltes !

Car enfin rassemblons (puisqu'il faut avec toi

Descendre à des détails si peu dignes de moi), [420]

Rassemblons en un point de précision sûre

L'état de ma fortune et présente et future.

De tes gages déjà le paiement est certain.

Ce soir une partie, et l'autre après-demain.

Je réussis. J'épouse une femme savante. [425]

Vois le bel avenir qui de là se présente !

Vois naître tour à tour, de nos feux triomphants,

Des pièces de théâtre et de rares enfants !

Les aiglons généreux et dignes de leurs races,

À peine encore éclos, voleront sur nos traces. [430]

Ayons-en trois. Léguons le comique au premier,

Le tragique au second, le lyrique au dernier.

Par eux seuls, en tous lieux, la scène est occupée.

Qu'à l'envi cependant, donnant dans l'épopée,

Et mon épouse et moi, nous ne lâchions par an, [435]

Moi, qu'un demi-poème ; elle, que son roman :

Vers nous, de tous côtés, nous attirons la foule.

Voilà dans la maison l'or et l'argent qui roule ;

Et notre esprit qui met, grâce à notre union,

Le théâtre et la presse à contribution. [440]

MONDOR

En bonne opinion, vous êtes un rare homme ;

Et, sur cet oreiller, vous dormez d'un bon somme ;

Mais un coup de sifflet peut vous réveiller.

DAMIS, lui faisant prendre enfin le papier.

Pars.

L'embarras où je suis mérite un peu d'égards.

Une pièce affichée, une autre dans la tête ; [445]

Une où je joue ; une autre à lire toute prête :

Voilà de quoi, sans doute, avoir l'esprit tendu.

MONDOR

Dites un héritage et bien du temps perdu.


ACTE II



Scène I

Baliveau, Francaleu.