Et pourquoi donc si tôt ? [1035]
Voulant représenter Lucile comme il faut,
J'ôte dès à présent mes habits de soubrette,
Pour être, sous les siens, plus libre et moins distraite.
C'est fort bien avisé. Va, je me charge, moi...
Scène V
Ah ! C'est vous ! Comment va la mémoire ?
Ma foi ! [1040]
Quelques raisonnements que votre goût m'oppose,
Je hais bien la démarche où mon neveu m'expose :
Pour m'y résoudre, il faut, à cet original,
Vouloir étrangement et de bien et de mal.
Enfin mon rôle est su : voyons, que faut-il faire ? [1045]
Et moi, de mon côté, je songe à votre affaire.
Cependant soyez gai. Débutez seulement,
Et vous serez bientôt de notre sentiment.
De vos talents à peine aurons-nous les prémices,
Que nous voulons vous voir un pilier de coulisses ; [1050]
Et, quoi que vous disiez, vers un plaisir si doux,
De la force du charme, entraîné comme nous.
J'ai vu ce charme, en France, opérer des miracles ;
Nos palais devenir des salles de spectacles ;
Et nos marquis, chaussant à l'envi l'escarpin, [1055]
Représenter Hector, Sganarelle et Crispin.
Je ne le cache pas. Malgré ma répugnance,
Une chose me fait quelque plaisir d'avance.
C'est le parfait rapport qui, par un cas plaisant,
Se trouve entre mon rôle et mon état présent. [1060]
Je représente un père austère et sans faiblesse,
Qui d'un fils libertin gourmande la jeunesse...
Le vieillard, à mon gré, parle comme un Caton,