J'ai perdu mon serviteur ;
J'ai perdu tout mon bonheur :
Colin me délaisse...
Je veux le haïr. Je le dois...
Peut-être il m'aime encore... Pourquoi me fuir sans cesse ?
Il me cherchait tant autrefois !
Le devin du canton fait ici sa demeure ;
Il sait tout : Il saura le sort de mon amour :
Je le vois ; et je veux m'éclaircir en ce jour.
Scène II
Tandis que le devin d'avance gravement, Colette compte dans sa main de la monnaie ; puis elle la plie dans un papier, et en présente au devin, après avoir un peu hésité à l'aborder
COLETTE d'un air timide.
Perdrai-je Colin sans retour .
Dites-moi s'il faut que je meure.
LE DEVIN gravement.
Je lis dans votre coeur, et j'ai lu dans le sien.
COLETTE.
Ô dieux !
LE DEVIN.
Modérez-vous.
COLETTE.
Eh bien ?
Colin...
LE DEVIN.
Vous est infidèle.
COLETTE.
Je me meurs.
LE DEVIN.
Et pourtant il vous aime toujours.
COLETTE vivement.
Que dites-vous ?
LE DEVIN.
Plus adroite et moins belle,
La dame de ces lieux...
COLETTE.
Il me quitte pour elle !
LE DEVIN.