Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/28

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Une heure seulement ; se peut-il ? Aussitôt ?
Ton navire au mouillage à peine est-il à flot,
L’autre est encore absent, et tout ton équipage
A besoin de repos pour un autre voyage.
Tu ris de ma faiblesse et veux d’acier munir
Contre l’épreuve un cœur qui doit plus tard souffrir.
Cesse donc de te faire un jeu de ma misère….
Mais laissons ce sujet. Mon ami, viens goûter
Le repas que ma main s’est plue à t’apprêter,
Douce tâche qu’amour assaisonné ; il convie
Mon Conrad au soutien de sa frugale vie.
Vois : les fruits qui semblaient à mes yeux plus exquis,
Dans mon doux embarras, ma main les a cueillis ;
J’ai choisi les plus beaux. Trois fois sur la colline
Mes pas ont circulé vers la source argentine.
Vois : ton sorbet ce soir va couler excellent,
Dans son vase d’albâtre il frémit pétillant.
Tu ne sens nulle joie au doux jus de la vigne ;
À toi bien plus qu’au Turc, quand ta coupe paraît
(De blâme ne crois pas que je te trouve digne),
Ce qu’on dit pénitence offre un puissant attrait.
Viens ! la table est servie et la lampe d’argent
Luit au plafond, bravant le sirocco brûlant.
Mes suivantes aussi dont je serai le guide
Vont en danses, en chants, charmer l’heure rapide ;
Ou ma guitare encor, qui caressa tes sens,
Reviendra les flatter de ses nouveaux accents.