Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/31

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XV


« Est-il, est-il parti ? Dans une solitude
Imprévue et soudaine, ah ! qu’elle a ressenti
La question fatale avec ce mot si rude.
C’est ici qu’il était, lui passé ce moment
Et maintenant où donc ? » — Du porche elle s’élance,
La digue enfin se brise et ses pleurs en torrent
Ont coulé gros, amers dans un morne silence,
Et comme à son insu. Le mot terrible adieux
Seul, n’a pu s’échapper de ses lèvres rebelles,
Car dans ce mot cruel, funeste, douloureux
Bien qu’il exprime espoir, promesse, foi fidèle,
Règne le désespoir. Ici sur chaque trait
De ce visage froid, calme, pâle, insensible,
Le chagrin a scellé comme un plomb son cachet
Dont le temps creusera le type indestructible.
Ces yeux d’azur, si beaux, tendres et pleins d’amour,
Éteints se sont glacés mornes, vitreux et vides
D’un objet bien aimé sans l’espoir du retour.
D’une lueur soudaine ils deviennent limpides,
Croyant revoir Conrad Qu’il est loin ! Dans ces pleurs,
Sous ses cils longs et noirs ce doux azur se noie
Et semblerait nager, quand cette amante en proie
S’abandonne aux transports de poignantes douleurs !
Il est parti ! sa main convulsive et froissée