Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/7

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L E   C O R S A I R E
ou
LE CHEF DES PIRATES[1]




CHANT I


Non il n’est aucune douleur
Et plus poignante et plus amère
Que le souvenir du bonheur
Se réveillant dans la misère.

(Dante.)


I


Sur la mer azurée aux reflets radieux,
Nos pensers sans limite, et nos cœurs sans entrave,
Aussi loin que la brise et le flot écumeux
Parcourent cet espace où nul n’habite esclave.
Contemplez notre empire, un domaine infini,
Où tous, rois et sujets, concourent tributaires ;
Notre bannière, un sceptre en tous lieux obéi
Par des confédérés, légions volontaires.
Et notre vie à nous, c’est tantôt le fracas,

  1. Ce poëme, composé en 1815, a été achevé en quelques mois. Byron y a résumé avec énergie tout ce qu’il avait observé dans son premier voyage des habitudes, des mœurs, du courage de ces hardis pirates, de ces réfugiés de la Grèce, de la Dalmatie, de l’Albanie, qui sillonnèrent longtemps les flots de l’Archipel sous la conduite d’un chef, généralement de trempe supérieure.