Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/79

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En suivant de son cœur l’instinct ingénieux ?
Ah ! faut-il l’avouer ? ce cœur silencieux
Devrait taire un secret dans sa lutte rebelle ;
Mais, malgré tes forfaits et ton âme infidèle..
Ce cœur sentit par toi la crainte et, tour à tour,
Gratitude et pitié, le délire et l’amour…
Tais-toi ! ne redis point de nouveau ton histoire :
Une autre a ton amour ; et, pour moi, j’aime en vain ;
Elle est tendre, plus belle, ainsi je le veux croire ;
Mais tout son dévouement est-il comme le mien,
Pour braver ces périls où je me précipite ?
Si Médora t’aimait, moi, si j’étais à toi,
Tu ne serais pas seul ! Te laisser dans ta fuite,
La femme d’un proscrit, poursuivi par la loi.
Que fait à la maison la délicate dame !
Mais assez… Sur ta tête est ici suspendu,
Ainsi que sur la mienne, où d’un fil pend la lame
Du damas effilé le cimeterre aigu.
S’il te reste du cœur, libre si tu veux vivre,
Prends ce poignard ; debout, Corsaire, il faut me suivre. »
« Oui, vraiment, dans les fers légers courront mes pas,
Avec ces ornements, sur chaque sentinelle
Qu’accable le sommeil ! Ne t’en souviens-tu pas ?
Cette robe pour fuir me favorise-t-elle ?
Ou, pour que je combatte, ai-je un bon instrument ? » —
« Incrédule Corsaire, écoute bien : la garde
Est gagnée, elle est prête à mon commandement,