Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— III —


autre avait besoin de commentaires ; des questions graves y sont traitées et ouvraient un vaste champ au travail, à la méditation.

Quoi de plus important, en effet, que l’étude des principes sur lesquels repose le bonheur de l’homme et de la femme, en raison de leurs relations mutuelles, relations qui elles-mêmes sont toutes assujetties à des causes de caractère, de santé, de tempérament et de constitution qu’il appartient aux philosophes d’approfondir[1]. J’ai cherché à combler cette omission par des notes qui, bien qu’incomplètes, je l’avoue, peuvent cependant jusqu’à un certain point servir de guide.

Dans les cas douteux et difficiles et lorsque la pensée de l’auteur ne me semblait pas ressortir d’une façon suffisamment claire, je n’ai point hésité à chercher des lumières auprès des savants de l’une et de l’autre religion, et c’est grâce à leur obligeant concours que bien des difficultés que je croyais insurmontables ont été vaincues. Je me plais à leur adresser ici tous mes remerciements.

Parmi les auteurs qui ont traité de matières semblables on n’en trouve point qui puisse être complètement comparé au Cheikh, car son œuvre tient à la fois de l’Arétin, de l’Amour conjugal et de Rabelais ; Ses rapports avec ce dernier auteur m’ont même quelquefois paru si frappants que je n’ai pu résister au désir de mettre en regard de la traduction quelques passages analogues tirés de cet ouvrage.

Mais ce qui fait surtout de ce traité un livre tout à fait à part, et peut-être unique en son genre, c’est le sérieux avec lequel les questions les plus lascives et les plus obscènes sont présentées ; on voit que l’auteur est persuadé de l’importance des questions qu’il y traite, et que le désir d’être utile à ses

  1. (3) Ne craignons point de comparer les plaisirs des sens avec les plaisirs les plus intellectuels ; ne nous faisons pas l’illusion de croire qu’il y ait des plaisirs d’une nature moins noble les uns que les autres : les plaisirs les plus nobles sont ceux qui sont les plus grands. (Essai de philosophie morale par Monsieur de Maupertuis publié à Berlin en 1749).