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Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/249

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Étant pourtant parvenu à m’échapper j’allai retrouver Abou Nouass et lui fis part de tout ce qui m’était arrivé. Il en fut émerveillé et stupéfié, et ses premières paroles furent : « Ô Djoâïdi, tu ne peux avoir ni autorité, ni influence sur une pareille femme, et elle te ferait faire pénitence de tous les plaisirs que tu t’es procurés avec les autres ! »

Cependant Fadehat el Djemal, afin de faire cesser les bruits fâcheux pour sa réputation, qui circulaient sur son compte, me proposa de devenir son mari légitime. Moi, tout à l’opposé, je ne cherchais que l’adultère. J’allai en cette occurrence consulter Abou Nouass, qui me dit : « Si tu épouses Fadehat el Djemal, tu ruineras ta santé et Dieu te retirera sa protection[1], et le pire sera qu’elle te rendra cocu, parce qu’elle est insatiable de coït, s’y livrerait-elle le jour et la nuit. Garde-toi bien, ô Djoâïdi, d’épouser une femme avide de coït, ce serait t’exposer à être couvert d’opprobre. » Je lui répondis : « Telle est la nature des femmes[2] ; elles sont insatiables en ce qui concerne leurs vulves, et pourvu qu’elles satisfassent leurs désirs, peu leur importe que ce soit avec un bouffon, un nègre, un valet, ou bien un homme méprisable et rejeté par la société. »

À cette occasion, Abou Nouass dépeignit le caractère des femmes dans les vers suivants :

« Les femmes sont des démons et elles ont été créées ainsi ; nul ne

  1. (127) Le mot Arabe seteur, d’où vient le mot Français store, signifie voile, rideau, et par extension protection et même bouclier. C’est dans ce dernier sens que l’auteur a employé ici ce mot.
  2. voir note (132) Le naturel des femmes est tel. (Rabelais. Livre III Chapitre 33.)