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Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/261

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sage en s’écriant : « Ô ennemi de Dieu et de toi-même, que viens-tu faire ici ? Tu es venu certainement dans l’intention de commettre un adultère. Depuis longtemps je te soupçonnais et tous les jours je t’attendais ici après t’avoir envoyé des vieilles pour t’y attirer. Aujourd’hui tu es pris, tu ne peux nier. Et cependant tu ne cessais de me dire que tu n’étais pas un débauché et que tu ne connaissais pas la débauche ! Aujourd’hui même je vais demander le divorce, car je suis maintenant au fait de ta conduite. »

Le mari, croyant à la vérité des paroles de sa femme, resta silencieux et interdit.

Apprécie, d’après cela, les ruses de la femme et ce dont elles sont capables.

Histoire de l’amant malgré lui.


On raconte qu’une certaine femme tomba éperdument amoureuse d’un de ses voisins connu pour sa vertu et pour sa piété. Elle lui déclara sa flamme, mais voyant repousser constamment ses avances malgré toutes les ruses qu’elle mettait en œuvre, elle résolut d’avoir raison de ses refus. Voici le moyen qu’elle imagina pour atteindre son but.

Un soir, elle prévint sa négresse qu’elle avait l’intention de tendre un piège à cet homme et celle-ci, sur son ordre, laissa la porte de la rue ouverte ; puis, vers le milieu de la nuit, elle la fit lever et lui donna les instructions suivantes : « Sors et frappe, du dehors, la porte à coups redoublés avec cette pierre, sans te préoccuper des cris que je pousserai et du bruit que je ferai ; dès que tu entendras le voisin ouvrir sa porte, tu rentreras pour aller frapper à la seconde porte[nde 1].

  1. (t’) Note de l’éditeur. Les habitations arabes ont généralement une cour intérieure qui communique par une porte avec la rue et par une seconde porte avec les appartements.