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Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/280

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sans que le mari s’en aperçût. Bien loin de se douter de ce qui se passait, celui-ci, au contraire, riait de toutes ces histoires et sa gaîté s’était encore accrue des dernières paroles de sa femme et des simulacres dont elle les avait accompagnées.

Apprécie, d’après cela, les ruses des femmes et ce dont elles sont capables !

Histoire
des précautions inutiles
[nde 1].


On raconte qu’un homme avait une femme douée de toutes les beautés et de toutes les perfections : elle était comme la lune dans la nuit de sa plénitude. Lui était très jaloux, car il connaissait toutes les ruses des femmes et leurs manières d’agir. Aussi ne sortait-il jamais sans fermer soigneusement la porte de la maison et celle de la terrasse.

Un jour sa femme lui dit : « Pourquoi agis-tu ainsi ? » « C’est parce que je connais vos ruses et vos coutumes ! » répliqua-t-il. « Ce n’est pas en agissant de cette façon, dit-elle, que tu réussiras. Car, certes ! lorsqu’une femme veut une chose, toutes les précautions sont inutiles. » « Peu importe, répliqua le mari ; il est toujours plus prudent de fermer les portes. » « Non, reprit la femme, car la clôture des portes ne sert à rien si la femme s’est mis une fois dans la tête de faire ce à quoi tu penses. » « Eh bien ! si tu peux faire quelque chose, s’écria le mari, fais-le ! »

Dès que son mari fut sorti,

  1. (w’) Note de l’éditeur. Comparer avec le conte de La Fontaine (livre II) intitulé : « On ne s’avise jamais de tout » et reproduit des Cent nouvelles nouvelles.