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palais superbe creusé dans le cœur de la montagne, qui était meublé magnifiquement et où l’or brillait sous toutes les formes. Ces vierges mangeaient, buvaient et s’adonnaient aux plaisirs de la table.

Abou el Heïdja se dit en lui-même : « Hélas ! je n’ai point de compagnon pour m’aider dans ce moment difficile ! » Sous l’influence de cette réflexion, il quitta cet endroit, retourna près de son serviteur Mimoun et lui dit : « Va vers mon frère devant Dieu[1] Abou el Heïloukh ابو الهيلوخ, et dis-lui qu’il vienne me trouver le plus promptement possible. » Le serviteur monta aussitôt à cheval et marcha tout le reste de la nuit.

De tous ses amis, Abou el Heïloukh était celui qu’Abou el Heïdja affectionnait le plus ; il était fils du vizir. Ce jeune homme, Abou el Heïdja et le nègre Mimoun, passaient tous trois pour les hommes les plus forts et les plus intrépides de leur temps, et personne ne parvenait à l’emporter sur eux dans les combats.

Lorsque le nègre Mimoun ميمون fut arrivé près de l’ami de son maître et qu’il lui eut fait part de ce qui se passait, celui-ci s’écria « Certes ! nous appartenons à Dieu et nous retournerons à lui[nde 1] ! » puis il monta à cheval après avoir pris son sabre et, emmenant avec lui son nègre favori, il fit route avec Mimoun jusqu’à la caverne.

Abou el Heïdja sortit pour aller à sa rencontre et le saluer, et l’ayant mis au courant des suites qu’avait eues son amour pour Zohra, il exprima l’intention qu’il avait de pénétrer de force dans le palais,

  1. (165) Le nom de frère se donne, chez les Arabes, entre amis.
  1. (j) Note de l’éditeur. Formule Musulmane de résignation (Voir le Coran, chapitre II, verset 151).